4 500 architectes d’intérieur exercent à ce jour dans l’hexagone. Il faut dire que cette discipline séduit, tant les étudiants en formation que les professionnels en reconversion, d’autant plus que le métier reste accessible sans diplôme. Seulement, exercer en tant qu’architecte d’intérieur requiert un solide savoir-faire et engage aussi d’importantes responsabilités.
Alors comment se former et se lancer dans les meilleures conditions ?
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Plan de l'article
Les formations d’architecture d’intérieur
La formation initiale
Différentes formations post-bac proposent des enseignements artistiques, techniques et réglementaires :
- En 2 ans : le BTS Design d’espace et agencement de l’environnement architectural ou le Diplôme des métiers d’art (DMA) Arts de l’habitat et décor architectural ;
- En 3 ans : le Diplôme national d’arts et techniques (DNAT) Design d’espace ou la Licence diplôme d’études en architecture (DEEA) ;
- En 5 ans : le Diplôme national d’arts plastiques (DNAP) Design.
Parmi la multiplicité des écoles publiques et privées, la palette des cursus et la pluralité des modalités proposés, les formations reconnues par l’État se distinguent. Des écoles parisiennes comme des écoles de province – à l’instar de l’école EEGP d’Angers et sa formation Architecte d’intérieur & Designer – dispensent des enseignements de qualité.
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Quoi qu’il en soit, un diplôme Bac +5 est recommandé par le Conseil Français des Architectes d’Intérieur pour répondre au mieux aux exigences de l’exercice professionnel.
La validation des acquis de l’expérience (VAE) pour exercer sans diplôme
La validation des acquis permet, sur justification d’une expérience en architecture d’intérieur, de prétendre à l’obtention d’un diplôme ou d’un certificat de qualification professionnelle.
La VAE est soumise à :
- l’exercice du métier pendant au moins un an (en continu ou non) ;
- la présentation d’un dossier décrivant les activités exercées ;
- l’entretien devant un jury.
Après plusieurs mois d’instruction et sous condition de validation, la VAE permet finalement d’accéder à une formation supérieure ou d’exercer le métier d’architecte d’intérieur.
S’il peut être exercé dans un bureau dédié ou un espace de coworking, le métier d’architecte d’intérieur se prête parfaitement au travail à domicile. Dans ce cas, l’investissement de départ se limite :
- au matériel informatique : Téléphone, ordinateur, logiciels adéquats (bureautique, gestion, conception assistée par ordinateur, traitement de l’image), imprimante ;
- aux assurances obligatoires : Assurance de responsabilité civile professionnelle, assurance biennale (garantie de bon fonctionnement) et assurance décennale. Une assurance Prévoyance est aussi recommandée à titre personnel.
- à la documentation technique payante comme les documents techniques unifiés (DTU) ;
- aux supports de communication : Cartes de visite, plaquettes commerciales, site Internet et/ou blog avec l’enjeu de nourrir une présence sur les moteurs de recherche et les médias sociaux.
Lancer son entreprise ou sa société d’architecture intérieure
Comme il n’est pas réglementé, le métier d’architecte d’intérieur peut s’exercer aussi bien en tant que salarié qu’en tant qu’indépendant.
Dans ce cas, différentes formes juridiques sont possibles :
- L’entreprise individuelle (avec possibilité d’opter pour le régime de la microentreprise), l’EIRL, l’EURL ou la SASU pour un professionnel seul ;
- La SAS la SARL, la SA, la SCS ou encore la SCA dans le cadre de sociétés.
En fonction du statut, la prise en compte des charges dans le bilan n’est pas identique. Une forme juridique permet bien souvent de crédibiliser une démarche sur le long terme et de rassurer la clientèle.
En fonction du statut choisi, il s’agira alors de déclarer l’entreprise auprès du CFE (centre de formalités des entreprises) de la chambre de commerce et d’industrie, ou d’enregistrer les statuts de la société créée.
Promouvoir son activité
Face au nombre croissant de professionnels dans le secteur, comment tirer son épingle du jeu ?
Différents outils de communication permettent justement de diffuser son travail, ses valeurs et tirer son épingle du jeu :
- Le portfolio présente les réalisations sous forme de croquis, de maquettes, de photographies avant/après… ;
- Le site Internet fonctionne comme un portfolio numérique et offre l’occasion de présenter son parcours, les prestations proposées, etc. ;
- Le blog, relais d’actualités, tendances et conseils, séduit particulièrement les particuliers toujours en quête d’idées déco/produits. Il faut produire du contenu avec une couleur locale de manière à être « trouvable » sur des couples d’occurrences de type « architecte d’intérieur + ville », « designer d’intérieur + ville » ou encore « architecte d’intérieur + département », « designer d’intérieur + département ».
- Les réseaux sociaux représentent des supports incontournables, Instagram, Facebook et LinkedIn en tête. Sur TikTok, l’architecte d‘intérieur rouennaise Cindy Lixivel est parvenue à réunir 103 000 abonnés en quelques mois seulement grâce à ses vidéos conseils pour bien aménager son logement ;
- La publicité (annonces sur Google, campagne sur les réseaux sociaux, publicités dans des magazines spécialisées…). Sur ce levier, l’important est de maîtriser le coût au clic et d’évaluer la performance : combien de contacts générés ? Pour cela, il faut mesurer les conversions (formulaire et numéro de téléphone à tracker).
- Le réseautage, à travers les clubs d’entrepreneurs, les salons et conférences…
Quels tarifs proposer en tant qu’architecte d’intérieur ?
Selon les missions, le tarif d’un architecte d’intérieur peut être défini :
- Au temps passé (de 60 à 100 € par heure, ou de 600 à 650 € par jour) ;
- Au forfait ;
- A la surface (entre 1 200 et 1 500 € par mètre carré) ;
- Au pourcentage du budget alloué au projet (entre 8 et 15 % du montant hors taxes des travaux).
Si elles ne sont pas obligatoires, les conditions générales de vente (CGV) restent très utiles pour préciser les conditions d’exécution du contrat et les limites de la prestation. Selon nous, elles sont impératives pour anticiper tout litige avec un client et ainsi éviter le médiateur de la consommation.
Statistiquement, les architectes d’intérieur réalisent un chiffre d’affaires annuel :
- Inférieur à 35 000 € pour 34 % d’entre eux ;
- De 35 000 à 50 000 € pour 15 % ;
- De 50 000 à 100 000 € pour 19 % ;
- De 100 000 à 200 000 € pour 17 % ;
- Supérieur à 200 000 € pour 15 %.
Les règles du métier
L’architecte d’intérieur intervient auprès des particuliers et des professionnels pour proposer et concrétiser un projet adapté aux attentes et au budget client, dans le respect des règlementations en vigueur.
Faisabilité et limites techniques, règlementations thermiques et environnementales, accessibilité aux personnes à mobilité réduite, sécurité incendie sont autant de de contraintes à prendre en compte.
La planification et la coordination des travaux fait également partie de ses missions.
La responsabilité du professionnel est donc engagée à différents niveaux.
Comme tout professionnel du bâtiment, les architectes d’intérieur doivent donc obligatoirement être assurés en responsabilité civile professionnelle (RC PRO), en garantie de bon fonctionnement (garantie biennale) et en garantie décennale.
Quelles perspectives pour le métier d’architecte d’intérieur ?
Après les confinements successifs et la démocratisation du télétravail, les Français ont réinvesti leur logement, dès lors devenu une priorité. S’ils n’ont pas encore sauté le pas, ils se sentent plus que jamais prêts à investir pour améliorer leur confort personnel et/ou en télétravail.
Les architectes d’intérieur sont donc particulièrement sollicités, et la profession a de beaux jours devant elle. Les incertitudes qui pèsent sur ce métier sont l’inflation et le surenchérissement des matières premières, lesquelles pourraient ajourner ou nuire aux velléités d’aménagement des clients. Selon certains experts, nous entrons dans une période de crises à répétition. Comme pour d’autres professions, l’architecte d’intérieur doit naviguer à court terme.